L'aquaculture marine intensive a débuté bien après la salmoniculture et les besoins particuliers des poissons marins (Bar, Daurade, Turbot) sont moins bien documentés que ceux des Truites et Saumons.
Cependant, s'agissant de poissons carnivores stricts, les principes de base restent les mêmes mais les valeurs des différents paramètres ont été adaptées à la suite de recherches de laboratoire et de tests effectués par les fabricants d'aliments.
L’énergie et la croissance :
Avec les aliments actuels, les niveaux énergétiques requis pour la croissance des poissons marins sont plus élevés que pour les salmonidés.
Si on peut considérer que 17 à 18 mJ digérés par une Truite pourront générer une croissance de 1 kg, il faudra environ 33 à 35 mJ pour obtenir la même croissance chez le Bar et la Daurade, et 26 à 30 mJ chez le Turbot.
Les niveaux d'énergie digestible couramment rencontrés dans les aliments pour poissons marins se situent entre 17 et 20 mJ/kg.
Par ailleurs, les phénomènes de maturation sexuelle qui interviennent chez le Bar et la Daurade, dès 300 g parfois, ralentissent très significativement la croissance.
Quand ces phénomènes seront maîtrisés (génétique), les performances d'élevage se rapprocheront de celles de la Truite.
Protéines et lipides :
Les aliments modernes pour salmonidés contiennent couramment 24 à 26% de lipides, le principe étant de faire utiliser l'énergie contenue dans les protéines pour la croissance et utiliser les lipides pour couvrir au maximum les autres besoins (épargne des protéines).
Le même principe est appliqué depuis quelques années pour les poissons marins avec plus ou moins de succès selon les élevages.
Il est certain que l'introduction de niveaux lipidiques élevés (plus de 20%) dans des aliments extrudés peut aboutir à des croissances plus intéressantes et des taux de conversion plus bas chez les poissons marins, avec une économie globale non négligeable pour l'élevage.
Cependant, l'utilisation de tels aliments (chers) va de pair avec le contrôle des autres paramètres de l'élevage : systèmes de distribution, calculs de ration, niveau d'oxygène, qualité globale de l'eau.
Les niveaux rencontrés dans les aliments modernes (Bar, Daurades) se situent entre 45 et 48% de protéines pour 12 à 22% de lipides.
Le Turbot semble moins bien utiliser le principe d'épargne des protéines et des niveaux lipidiques supérieurs à 15% entraînent des dépôts graisseux indésirables (bourrelets périphériques).
Une évolution du rapport protéines/lipides de la ration est nécessaire au cours de la vie du poisson et probablement au cours des saisons, les aliments les plus protéiques étant distribués aux jeunes stades.
Vitamines et sels minéraux :
Les niveaux vitaminiques incorporés pour les poissons marins sont supérieurs à ceux des poissons d'eau douce, notamment en ce qui concerne la vitamine A, généralement présente à 25.000 UI/kg.
La vitamine C, sous forme stabilisée, ajoutée en quantités importantes pourrait avoir un rôle anti-stress. Les sels minéraux sont généralement considérés comme non-limitants en milieu marin.
Rejets :
Les taux de conversion alimentaire couramment observés chez les poissons marins se situent entre 1,7 et 2,5 selon les aliments utilisés et les conditions d'élevage. De tels niveaux, conjugués à des aliments fortement protéiques entraînent des rejets azotés (ammoniaque) et phosphorés non négligeables dans le milieu naturel. Ces niveaux sont de l'ordre de 120 kg d'azote et 25 kg de phosphore par tonne de poisson produite (Bar) avec un aliment de type 46% protéines / 14% lipides. L'utilisation d'aliments plus lipidiques avec des protéines hautement digestibles (45% protéines / 20% lipides) réduit considérablement ces rejets (80 kg d'azote et 8 kg de phosphore par tonne de poisson produite). Nul doute que l'évolution de l'alimentation des poissons marins doit suivre cette voie.
Les immuno-stimulants :
Un certains nombre de molécules sont réputées avoir un effet d'amélioration des réponses immunitaires des animaux. Parmi ces produits (extraits membranaires bactériens, extraits cellulaires, polysaccharides, enzymes,...) certains carbohydrates (glucans) et certaines protéines (protéines lactiques) additionnés à l'aliment, sont utilisés sur les poissons avec un certain succès. Avec les limitations à venir sur l' utilisation des antibiotiques, la voie immunitaire via l'aliment pourrait s'avérer très intéressante.
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